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Photo du rédacteurFédération Libertaire de Lorraine

⬛️PORTRAIT D'UN LIBERTAIRE NÉO-MALTHUSIEN LORRAIN



Le 6 mars 1870, naissance d'Eugène HUMBERT à Metz, militant libertaire, pacifiste, et néo-malthusien*.


Il découvre très jeune l'anarchie, milite sein du groupe "Liberté" de Nancy et édite le journal "L'Indépendant".


Il sera dès lors fiché par la police comme "Anarchiste dangereux". En 1896, il s'installe à Paris.


Il devient l'administrateur de la revue "Régénération", fondée par Paul Robin en 1896 (revue essentiellement néo-malthusienne). Persévérant dans cette voie, il lance en avril 1908, le journal "Génération consciente", suivit en 1931 de "La grande réforme".


Lors du premier conflit mondial, il se réfugie à Barcelone et ne rentre en France qu'en 1919. Arrêté, il est condamné le 4 mai 1921 à 5 ans de prison pour insoumission.


Le 5 novembre 1921, il est à nouveau condamné, avec sa compagne Jeanne, à 2 ans de prison supplémentaire, et 3000 francs d'amende chacun, pour propagande neo-malthusienne. Eugène sera finalement libéré le 13 janvier 1924 et poursuivra son action.



A la déclaration de la guerre de 1939, il quitte Paris avec Jeanne pour Lisieux. Il est alors condamné à 18 mois de prison, pour avoir fourni un livre interdit par la loi de 1920 (qui punit toute propagande anti-nataliste).

Il purge sa peine à Amiens mais, malade, il est transféré à l'hôpital. Le 25 juin 1944, à la veille de sa libération, il y trouve la mort lors d'un bombardement allié.



*Le néomalthusianisme est la théorie de Thomas Malthus et de sa prise de conscience des ressources limitées de la Terre. Selon Malthus, la croissance démographique est beaucoup plus rapide que la croissance de la production alimentaire, ce qui nécessite une limitation de la natalité pour éviter les famines dues à la surpopulation. Les néomalthusiens font de cette limitation des naissances un droit et un devoir humains.


C'est à la fin du xixe siècle que des théoriciens anarchistes tels que Paul Robin développent en France des thèses néomalthusiennes, que l'écrivain et journaliste Octave Mirbeau s'emploie à populariser dans la grande presse, à contre-courant des thèses natalistes et populationnistes en vigueur au nom de la « Revanche ». Rares sont alors les syndicalistes et les socialistes à se joindre aux militants anarchistes néomalthusiens.


À l'analyse de Malthus, les libertaires néomalthusiens ajoutent deux éléments fondamentaux : d'une part, il serait monstrueux de produire massivement la chair à canon dont les bourgeoisies industrielles ont besoin pour les prochaines boucheries (ils s'opposent donc aux politiques natalistes mises en œuvre afin de préparer la guerre programmée dans les meilleures conditions, grâce à l'abondance de l'infanterie), la chair à travail (qui facilite l'exploitation patronale), la chair à plaisir (qui alimente la prostitution). Ils appellent à la « grève des ventres », expression forgée par Marie Huot.


D'autre part, ils réclament un contrôle des naissances grâce aux moyens contraceptifs en usage et à l'avortement. Poursuivant ce but, Paul Robin fonde en 1896 la Ligue de la Régénération humaine. Opposée à la propagande nataliste, elle diffuse des moyens contraceptifs au nom de la libération des femmes : elles doivent échapper à leur destin de génitrices.

Elle sera dissoute en 1908.


Eugène et Jeanne Humbert, devenus les principaux animateurs du mouvement, créent Génération consciente et poursuivent leur propagande après son interdiction par la loi de 1920, qui interdit toute propagande antinataliste. Leur activité militante leur vaut plusieurs séjours en prison.



Durant l'entre-deux-guerres, il n'y a pas de « rencontre historique du féminisme et du néomalthusianisme ». La majorité des féministes réformatrices se rangent en effet derrière la bannière populationniste pour tenter de gagner de nouveaux droits pour les mères. Les militantes féministes pour un contrôle des naissances — Nelly Roussel, Madeleine Pelletier ou Berty Albrecht — sont rares.



Dans les dernières décennies du xxe siècle, la lutte pour le contrôle des naissances a pris une grande extension. D'une part, grâce au mouvement des femmes réclamant la libre disposition de leur corps et proclamant leur droit de n'avoir que des enfants désirés : fondation du Planning familial, création du M.L.A.C. (Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception) en 1972, ce qui aboutit à la loi Veil de janvier 1975 légalisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG) pour motif de détresse de la mère. D'autre part, grâce aux mouvements écologiste et altermondialiste, dans lesquels s'inscrit notamment le Club de Rome : l'objectif est de sauver la planète de la pollution et de l'épuisement des matières premières non renouvelables, et de permettre un développement durable dans les pays du sud.


Via l'association HLL membre de la fédération libertaire de Lorraine

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